La Moyenne capacité
Une fois nés en nous la motivation et l'effort constants à œuvrer à obtenir une renaissance supérieure par la pratique de la petite capacité, nous devons maintenant viser plus : l'obtention d'un état sans souffrance, libéré des afflictions mentales et émotions négatives : le Nirvana.
Développer l'aspiration d'atteindre le Nirvana
Renonciation aux royaumes supérieurs
Les royaumes supérieurs sont ceux des humains, des demi-dieux et des dieux (qui se manifestent dans le royaume du désir, dans le royaume de la forme ou dans le royaume sans forme).
Or, il est important de réaliser que chacun de ces royaumes comporte son lot de souffrances. Les souffrances des enfers chauds et froids sont insoutenables. Certaines personnes douées de facultés particulières peuvent percevoir ces enfers qui sont au nombre d'une vingtaine. Les souffrances endurées par les esprits avides sont aussi effroyables, alors que celles des animaux sont absolument accablantes.
Quant à l'être humain, il ne peut laisser sa main au-dessus d'une flamme, ne serait-ce que quelques secondes, sans ressentir une grande douleur. En hiver, nous ne pouvons rester dans le froid plus que quelques minutes. Passer une seule journée sans boire ni manger représente une grande difficulté, et une simple piqûre d'abeille peut être un supplice.
Comment serions-nous alors capables de supporter la chaleur ou le froid des enfers pendant des milliers d'années comme le font les êtres qui y sont, comme l'a indiqué le Bouddha, aussi nombreux que les grains de sable compris dans tous les océans ? Comment pourrions-nous endurer, pendant des centaines d'années, l'angoisse profonde de l'incapacité d'assouvir notre faim ou notre soif comme le ressentent les esprits avides dont le nombre, comme l'a indiqué le Bouddha, est égal à la quantité des grains de sable contenus dans tous les lacs et les rivières ? Comment tolérer les horreurs de l'existence animale qui, à bien des points de vue, est atroce, ceux-ci étant des milliards à devoir les vivre?
Méditer sur ces aspects du samsara provoque la terreur et l'appréhension, mais permet d'abandonner les causes d'une renaissance inférieure que sont les actions négatives du corps, de la parole et de l'esprit. On doit, de plus, cultiver les causes d'une renaissance supérieure: la compassion et les qualités vertueuses. Ces méthodes permettent de barrer la route aux renaissances inférieurs.
L'ignorance est la cause des actions négatives, et les actions négatives renforcent l'ignorance. Lama Samten explique que notre nature de bouddha, commune à tous les êtres, est comme le ciel bleu où brille le soleil. Nos actions négatives agissent comme un écran, un brouillard, un voile dans notre esprit, un peu comme les nuages qui nous empêchent de voir le ciel bleu. Notre nature de bouddha n'est jamais souillée, seul l'esprit de chaque être peut l'être. C'est pourquoi la purification occupe une place prépondérante dans la pratique du bouddhisme. Ces purifications agissent comme un nettoyage de l'intérieur, comme quand on fait le ménage de la maison régulièrement pour éviter que la poussière s'accumule et rende l'entreprise plus difficile par la suite.
En plus des différents rituels, parfois très élaborés, qui permettent de se nettoyer graduellement, on peut aussi utiliser les prosternations qui servent à purifier les actions négatives du corps, les mantras qui permettent de purifier celles de la parole et les offrandes qui purifient les actions négatives de l'esprit.
Tous les êtres commettent des actes qui les amènent à souffrir et à causer de la souffrance. Quand ces influences les dirigent, il leur est impossible de reconnaître leur état et de s'en libérer. N'ayant d'autre choix que de subir leur asservissement au samsara, les six sortes d'êtres se réincarnent encore et encore, dans l'un ou l'autre des six mondes du cycle des existences. Dans ce contexte, la souffrance est la base commune à tous les états; elle existe et domine tout. Faute de la reconnaître et de la comprendre, elle est subie de maintes et maintes façons.
Voici deux catégories :
Dans la première catégorie, les six types de souffrances générales du samsara sont:
l'incertitude,l'insatisfaction,l'abandon réitéré de son corps,les conceptions successives,les fluctuations répétées,le manque de compagnons véritables.
Dans la deuxième catégorie, les sept types des souffrances des humains sont:
la naissance,la vieillesse,la maladie,la mort,les frustrations nées du contact avec ce qu'on ne désire pas,la privation de ce qu'on désire,l'inassouvissement des désirs les plus ardents
Les trois entraînements supérieurs
1. L'éthique
Il existe 3 types d'éthique ou de vœux, pouvant être pris autant par les laïcs que les moines ou nonnes :
1. Les vœux de libération individuelle
2. Les vœux de boddhisatva
3. Les vœux tantriques
2. La concentration
La pratique de la concentration vise l'atteinte du calme mental. Les 4 Nobles Vérités et les 12 liens interdépendants.
3. La sagesse
Par la méditation, la sagesse vise l'atteinte de la vision profonde intérieure.
Les quatre nobles vérités
Première Noble Vérité
L'existence de la souffrance
Reconnaissons la souffrance telle qu'elle est et méditons sur les souffrances humaines. Le Bouddha Shakyamouni par l'intermédiaire d'Asanga et de Djé Tsongkapa nous proposa la méditation sur les 7 souffrances en 5 points chacune:
La souffrance de naître:
La naissance est par nature souffrance :Venir au monde, sortir du ventre chaud et sécurisant de notre mère est douleur.On naît avec des empreintes karmiques productrices de souffrance; le corps et l'esprit manquent de souplesse : Nous ne naissons pas maître de notre esprit, mais bien sous l'emprise de notre esprit ce dernier conditionné par les karmas et les kléças*. Notre corps n'est pas plus malléable nous en connaissons vite la limite La naissance est le réceptacle de toutes les souffrances: La maladie, la vieillesse, la mort apparaissent parce qu'il y a naissance La naissance est le réceptacle des kleças : l'attachement, l'aversion, la colère, la jalousie etc.se manifestent parce qu'il y a naissance La naissance implique la séparation: Quitter son corps lors de la mort, laisser les êtres que nous chérissons ces souffrances existent parce qu'il y a eu naissance.
La souffrance de vieillir
Déclin de la beauté - l'aspect physique se dégrade Déclin de la force - se déplacer, soulever des objets devient difficile Détérioration des facultés sensorielles, perte de l'acuité (visuelle, auditive, olfactive,etc.Diminution de la capacité de jouissance - on ne peut plus festoyer comme avant Diminution de la vie elle-même - épuisement du temps jusqu'au moment de la mort.
La souffrance de la maladie
Altération physique Malaise émotionnel entraîné par l'indisposition physique Perte de jouissance (joie) inhérente à la maladie physique Privation et désagréments inhérents aux traitements Maladie peut-être porteuse de mort - quand aggravation.
La souffrance de mourir
Douleur de devoir quitter son corps Douleur de devoir abandonner ses possessions (biens, argent, maisons)Douleur de devoir quitter nos proches et amis Douleur de devoir quitter notre entourage - collègues, voisins Douleur d'être contraint de mourir alors que l'on n'en a pas envie
La souffrance d'être séparé de ce qui est agréable
Souffrance causée par la séparation elle-même Pleurs, plaintes, lamentations Autodestruction L'obsession - toujours penser à l'autre L'état de manque - ne plus avoir accès à la satisfaction qui était reliée à la présence de ce que l'on a perdu.
La souffrance de rencontrer ce qui est désagréable
Crainte de rencontrer quelqu'un que nous n'aimons pas Souffrance reliée à la crainte qu'il ne nous fasse du tort ou du mal Peur qu'il ne nous dise des paroles désagréables Peur qu'il n'atteinte à notre vie Si nous sommes tué appréhension concernant nos futures naissances
La souffrance de ne pas obtenir l'objet désiré alors que l'on recherche
(à compléter)
Une naissance prise sans liberté, sous l'influence des karmas et des kleças entraîne inexorablement ces 7 sortes de souffrance.
Nous pouvons aussi réfléchir à la Souffrance en la catégorisant de 3 façons:
La souffrance de la souffrance : Désigne toutes les souffrances ordinaires ; maladie, vieillesse, mort,faim, froid, soif etc.La souffrance du changement : Nos goûts, nos plaisirs, ceux que nous aimons peuvent un jour nous déplaisent. La souffrance inhérente à l'existence conditionnée: Le simple fait d'exister sert de base à la souffrance qui se manifestera quand les conditions seront appropriées
Il est recommandé de méditer sur la souffrance autant avec l'une ou l'autre de ces 2 méthodes.
Les quatre attributs de la souffrance
Le premier des attributs est celui de la souffrance. Il concerne les 5 agrégats. C'est l'expression de la douleur. Mais pour le comprendre, il faut connaître la naissance de ces agrégats, le pourquoi de notre corps, de notre environnement. Si on prend une représentation du cycle des existences ( Samsara ), il y a, autour, douze cases qui représentent ce que l'on appelle les Douze Liens Interdépendants. Le fait que le cycle des existences soit au centre signifie que ces liens interdépendants sont à l'origine du samsara et de la souffrance. Chacun vient en dépendance de l'autre.
Le deuxième attribut est celui de l'Impermanence. Une fois que l'on a bien compris la souffrance, compris que tous les agrégats ne sont que le fruit de causes et de conditions, on peut aisément comprendre que si on "stop" les causes, les agrégats disparaissent. Donc ces agrégats sont impermanents. On retrouvera des méditations spécifiques sur cette impermanence dans la quatrième Noble Vérité. Il est important de comprendre l'impermanence, c'est la base de la compréhension du chemin. C'est la base pour obtenir la Libération.
À préciser cependant: cette libération n'est - pour le Grand Véhicule, le Mahayana - qu'une étape ; le chemin spirituel continue après. Alors que le but du Petit Véhicule, le Hinayana, est cette libération des souffrances, libération du cycle des renaissances. ( Dans le Mahayana, chaque pratiquant est motivé à la base par l'aide qu'il peut apporter aux autres. S'il cherche à obtenir un état de sagesse, c'est afin de pouvoir en faire profiter les autres. Il ne va pas rechercher son unique Libération, mais va chercher la compréhension de tous les phénomènes afin de pouvoir aider tous les êtres. Plus le degré de réalisation est important, mieux on peut aider les autres. L'état de bouddha étant caractérisé par l'omniscience, celui qui suit le chemin du Grand Véhicule souhaite atteindre cet état de conscience. On a vu que si on supprime les causes des cinq agrégats, ces mêmes agrégats disparaissent; ils sont donc impermanents. Lorsque l'on parle des agrégats actuels, on dit qu'ils sont "contaminés". Pourquoi ? parce qu'ils sont la cause, la base plutôt, pour la création de karmas négatifs et qu'ils sont les fruits de perturbations antérieures. C'est en opposition avec les agrégats des Bouddhas qui, eux sont purs, nés de la sagesse, non contaminés ).
Le troisième attribut de la souffrance est "la vacuité". Brièvement, lorsqu'on voit ce "soi", ce "je", cette saisie d'une individualité, on peut dire qu'il y a deux niveaux de "soi" : le soi "acquis"et le soi "inné".
Le soi acquis vient à travers une conception philosophique ; c'est-à-dire que certaines formations philosophiques erronées essaient d'affirmer ce soi, à l'encontre d'une compréhension, comme étant impermanent. C'est un attachement cultivé par une philosophie, une religion quelconque.
Alors que même les animaux possèdent le soi inné ; dès que l'on naît, il y a attachement à ce soi que l'on pense autonome. Ce soi n'est pas, ne fait pas partie des agrégats. C'est net, parce que si je coupe mon bras, je n'y trouverai pas un soi dedans, tout comme dans n'importe quelle autre partie de mon corps ; je ne pourrai pas y trouver une individualité propre à l'endroit. Donc le soi ne fait pas partie des agrégats. Mais maintenant, on ne peut pas dire que le soi est complètement différent des agrégats, parce que ces agrégats vivent à travers ce soi. Vous comprenez ? Le soi n'est ni similaire, ni différent des agrégats. La réalisation de cet attribut de la vacuité est la réalisation de la non différence entre le soi et les agrégats.
Le quatrième attribut de la Souffrance est le "non soi". Mais tout comme l'attribut de la vacuité, la non-différence, ici le non-soi, est la non identification entre le soi et les agrégats.
------------------------------------------------------------------------ 1. Les 5 agrégats : la Forme, la Sensation, la Volition, la Perception, la Conscience. 2. Les 6 royaumes de renaissance : dieux, demi-dieux, humains, animaux, esprits avides et enfers.
Deuxième Noble Vérité
L'origine de la Souffrance
On a bien compris que les agrégats sont une production en dépendance de multiples facteurs. Il semble donc impossible qu'il n'y ait pas de cause; pas possible non plus qu'il n'y ait qu'une cause unique à ces multiples résultats. On ne peut donc considérer qu'un Dieu soit à l'origine de tout, ni que cette origine soit de nature permanente.
La philosophie bouddhiste explique que ce sont les Douze liens interdépendants qui sont à l'origine de la souffrance et du cycle des renaissances conditionnées.
On peut voir, en effet, que les souffrances sont causées par les passions, l'attachement, et toutes les conséquences négatives que nous avons créées au cours de nos vies par le biais des Dix actions non vertueuses et des six facteurs perturbateurs de base.
Comme leur nom l'indique, ces facteurs perturbateur sont à la base de la production des perturbations mentales, de nos attitudes négatives et des karmas négatifs. Ces six facteurs sont les suivants:
l'Attachement, ou attrait vis à vis de personnes ou de phénomènes qu'on trouve agréables, créant ainsi la difficulté à s'en séparer;l'Aversion vis à vis de personnes qui nous déplaisent ou de tout facteur de souffrance ou de désagrément, nous amenant à les rejeter sans se poser de questions;l'Orgueil, la haute idée de soi-même, qui fait qu'on croit notre bonheur plus important que celui des autres;l'Ignorance, qui est de ne pas comprendre les phénomènes purs ou impurs ou de les concevoir de manière erronée, servant ainsi de base aux autres facteurs perturbateurs;le Doute, qui nous maintient dans l'incertitude et nous empêche de nous engager dans des activités vertueuses;et les cinq vues erronées:la saisie du soi en considérant les agrégats;les vues extrêmes, éternalisme et nihilisme;les vues laissant la prééminence aux vues mauvaises et aux agrégats;les vues retenant de fausses éthiques et observances comme bases de purification;les vues fausses niant ce qui existe et soutenant ce qui n'existe pas.
On peut finalement se demander pourquoi le Bouddha expliqua la souffrance avant son origine. C'est simplement qu'il est plus facile d'appréhender l'origine lorsqu'on connaît bien le résultat. Vous comprenez mieux l'utilisation d'un moteur quand vous l'avez vu fonctionner pendant quelques temps...
Quand on a pris conscience de la souffrance dans laquelle on évolue, et qu'on a réfléchi à son origine, on réalise qu'il p
eut y avoir cessation de la souffrance.
Troisième Noble Vérité
La cessation de la souffrance
Lorsqu'on a compris l'origine de la souffrance, on comprend l'engrenage du cycle des renaissances qui nous y maintient. On comprend aussi que l'esprit est fondamentalement pur, mais que son fonctionnement est influencé par différentes perturbations. Il est important de comprendre que, les renaissances se faisant à travers des agrégats impermanents, en éliminant les causes, on rompt la succession des réincarnations conditionnées. Il existe donc un remède, un antidote puissant: la sagesse réalisant la vacuité.
La cessation est, par conséquent, le fruit d'un travail qui permet d'éliminer l'attachement. Par cette réalisation, on obtient la libération engendrant une grande paix venant de l'atteinte d'un état sans souffrance, d'un état de béatitude, de satisfaction, et de délivrance des perturbations.
Quiconque atteint cette libération est délivré à tout jamais du cycle des renaissances conditionnées par l'influence des karmas positifs ou négatifs. La cessation est alors définitive, les perturbations ne pouvant plus réapparaître.
Quatrième Noble Vérité
La Voie qui mène à cette cessation
Mais pour arriver à cet état de libération, il faut s'appliquer à suivre le chemin qui explique comment mettre un terme à la souffrance en en contrant les causes par la mise en oeuvre de méthodes de purification des potentiels négatifs accumulés, par des méditations sur le non-soi et la vacuité, en s'abstenant de commettre les dix actions non vertueuses et en mettant tout en oeuvre pour accumuler un potentiel positif et atteindre la sagesse la plus élevée.
Les méditations sur l'impermanence des phénomènes, sur la mort, sur le fait que nous serons dirigés après la mort par la force du karma accumulé - force incontrôlée - vers une autre naissance dans un des six mondes, sont des moyens qui nous permettent de générer, par la compréhension, la crainte de ce qui pourrait nous arriver si nous devions mourir maintenant. Cette compréhension nous amène à prendre Refuge, première étape sur le sentier pour entreprendre notre développement.
La prise de Refuge est la reconnaissance du Bouddha comme le médecin qui a su diagnostiquer la maladie, du Dharma, ou enseignement du Bouddha, comme le remède capable de nous guérir, et de la Sangha, ou communauté de ceux qui suivent les enseignements du Bouddha, comme ceux qui donnent le remède. C'est reconnaître que nous n'avons pas, à l'étape où nous sommes rendus, la capacité de venir en aide de façon vraiment efficace à une multitude d'êtres qui sont comme nous dans la souffrance, que nous avons beaucoup à apprendre pour développer la sagesse, et que nous devons emprunter le chemin spirituel pour progresser dans la bonne direction.
La prise de refuge implique aussi la recherche d'un professeur, d'un ami spirituel, capable de donner les enseignements appropriés au bon moment, et de comprendre et d'évaluer la progression d'un élève. Cette recherche peut prendre du temps, puisque c'est un choix qui doit être fait soigneusement. On doit rechercher son maître comme on recherche un objet rare et précieux, en examinant ses enseignements comme on examine un tel objet pour s'assurer de sa valeur. Le Bouddha lui-même disait qu'il ne fallait pas croire ce qu'il enseignait simplement parce qu'il était le Bouddha, mais qu'il fallait analyser ses instructions, les passer au tamis de la raison et qu'il ne fallait les retenir que lorsque leur examen montrait qu'ils étaient justes et aptes à guider vers la libération et la sagesse.
Le fait de considérer une personne comme notre professeur et de lui demander de nous accepter comme son élève est lourd de sens, et il faudra surtout éviter d'en venir à quitter un lama parce qu'on l'aura choisi de façon précipitée et sans discernement. On doit, entre autres, examiner soigneusement la cohérence entre ce que cette personne enseigne et sa vie de tous les jours. Si on décide, après avoir tout bien examiné, que telle personne est le professeur adéquat, il faudra pouvoir accepter ses recommandations en considérant qu'il peut avoir la vue juste et la clairvoyance nécessaire pour nous guider.
Pour gravir le chemin, on recherchera ensuite à respecter les huit conduites, formant l'Octuple sentier, qui feront que notre vie sera en accord avec la voie du Bouddha.
Pour arriver à mettre en oeuvre cette attention constante, et pour pouvoir développer les conditions méritoires et les éléments pour l'obtention de l'éveil, on s'engagera dans la voie des Sutras et/ou des Tantras.
À travers les pratiques et les efforts soutenus, le pratiquant progressera sur le sentier qui comporte les cinq étapes ou cinq chemins suivants:
Le chemin de l'accumulation, durant lequel le pratiquant accumule des mérites, approfondit la sagesse et se purifie. On accumule alors les causes et les conditions méritoires nécaessaires au développement de la pratique;Le chemin de l'application, qui est le passage entre l'accumulation et le contact avec l'expérience. Les négativités ne sont plus alors un obstacle à la pratique. Le pratiquant à ce niveau n'est plus soumis aux renaissances inférieures;Le chemin de la vision, qui est atteint au moment où on expérimente directement la vacuité. La structure grossière de la conscience dualiste et émotionnelle s'élimine;Le chemin de la méditation, où se développe l'attention continue et concentrée sur l'expérience de la vacuité. La structure la plus subtile de l'émotivité, faisant partie de l'ignorance fondamentale, disparaît;Le chemin de l'achèvement, ou l'au-delà de l'apprentissage, qui est le chemin où il n'y a plus rien à apprendre. À cette étape, l'état méditatif "semblable au vajra" tranche l'ultime voile, celui qui sépare de l'omniscience. L'état de bouddha est ainsi atteint.
Sur les différents chemins, le pratiquant s'efforcera de développer les Six perfections ou Paramitas.
Celui qui emprunte la voie du mahayana développera aussi la bodhicitta, ou esprit d'éveil.
Un pratiquant peut développer la bodhicitta avant de réaliser la vacuité, comme un autre peut réaliser la vacuité avant la bodhicitta. Lorsqu'un bodhisattva réalise la vacuité, lorsqu'il a déjà parcouru les chemins de l'accumulation et de l'application, sa conscience accède à ce que l'on appelle une terre pure de bodhisattva,ou bhoumis. Il y en a dix. Dix stades qu'il parcourt avant d'atteindre l'état de bouddha, dix niveaux durant lesquels le fils de bouddha met en pratique toutes les perfections ou paramitas, et élimine tour à tour tous les aspects grossiers et subtils de l'émotion et de l'ignorance.
Les 12 Liens Interdépendants
Ces douze facteurs sont à l'origine de la souffrance et du cycle des renaissances conditionnées. Les six premiers liens interdépendants sont généralement expliqués dans la Noble Vérité de l'Origine de la Souffrance; les six premiers concernent l'origine et les six autres le résultat. Les six derniers liens interdépendants sont donc expliqués dans l'enseignement sur la loi de cause à effet.
1. L'ignorance
L'ignorance est en fait à la source de notre cycle sans fin à l'intérieur du samsara. Nous ignorons comment appréhender le non-soi à l'aide de la sagesse. Notre saisie est dirigée vers le soi et les phénomènes. Nous croyons qu'ils possèdent un soi ou qu'ils peuvent être établis selon leur propre nature. L'ignorance est notre mode d'appréhension erroné du monde. Elle est en contradiction avec la sagesse primordiale; c'est comme le fait d'être aveugle. Il existe deux formes d'ignorance: l'ignorance de la loi de cause à effet et celle de l'ainsité.
2. Le karma
Le karma peut être méritoire, non-méritoire et immuable. Classifiés selon leur nature, ils incluent le karma intentionnel et le karma des actes délibérés. Les actes de l'esprit constituent le karma intentionnel et les actes du corps et de la parole sont le karma des actes délibérés.Les trois modes d'accumulation du karma sont par le corps, la parole et l'esprit.
3. La conscience
Dans les soutras, le Bouddha dit qu'il y a six types de consciences. Toutefois, la conscience à laquelle on réfère ici n'est pas une des cinq consciences sensorielles, mais la conscience base-de-tout, pour ceux qui affirment qu'une telle conscience existe (l'école Chittamatra) ou bien la conscience de l'esprit, pour les autres écoles (l'école Madhyamika et les autres). Celle-ci se divise en la conscience au moment de la cause et celle au moment de l'effet. Le premier type survient immédiatement après que le karma ait été déposé. Le deuxième type est la conscience immédiatement après la conception dans la vie suivante. Pour l'illustrer, supposons que motivés par l'ignorance, nous enlevions la vie à un autre être sensible. Au moment de commettre cet acte, ou karma, son potentiel est imprimé sur la conscience aussitôt que le processus karmique est achevé. C'est la conscience au moment de la cause. À cause de ce karma, nous renaissons dans un royaume inférieur. L'état de notre conscience immédiatement après la conception est la conscience au moment du résultat. Les instincts karmiques de ces actions se déposent sur la conscience comme l'huile imbibe le papier. Le désir et la saisie peuvent activer ce potentiel latent, qui peut ensuite produire une renaissance.
4. Le nom et la forme
Dans le cas d'une renaissance d'une matrice, le lien du nom représente les quatre agrégats de la sensation, de la perception, des formations et de la conscience. Ils sont également les quatre agrégats d'un être dans le royaume de la non-forme. Si l'on passe du royaume de la forme à une renaissance dans la non-forme, la graine de l'agrégat de la forme est présente, mais non la forme en tant que telle. Le lien de la forme provient de la rencontre de l'ovule et du sperme au premier stade de développement, quand la conscience s'installe. Là où de tels liens s'appliquent, ils s'appellent «le nom et la forme».
5. Les six sens
Une fois que les six facultés des sens (la vue, etc.) sont formées, ce lien s'applique seulement pour le moment où nous ne pouvons pas encore discriminer entre les objets. Il faut qu'un objet, une faculté sensorielle et la conscience qui lui est reliée soient présents. Les facultés physiques et mentales sont dites exister dès la période initiale du développement du fœtus. Dans le royaume de la non-forme, les liens de la forme et des cinq sens physiques n'existent pas.
6. Le contact
Le contact peut survenir une fois que l'objet, la faculté et la conscience sensorielle sont présents. On pourra ensuite discriminer entre objets agréables, désagréables ou neutres. Il y a donc six de ces groupes (six objets, six facultés et six consciences), allant de l'œil jusqu'à l'esprit.
7. La sensation
Le contact s'effectue avec trois différents types d'objets; de là découlent trois types de sensations: plaisir, douleur ou neutralité. Six sortes de sensations peuvent être produites, allant du groupe (objet, faculté et conscience) de la vue jusqu'à celui de l'esprit.
8. Le désir
Ici, le désir et l'attachement ont un sens commun. Qu'est-ce que l'attachement? En voyant un objet agréable, on développe le désir d'en être près et il est difficile de s'en séparer; s'ensuit la souffrance. Ce facteur mental est donc générateur de souffrance et d'actions négatives. L'attachement fait que nous ne voulons pas être séparés de sensations agréables. Il fait également que nous voulons être séparés de la souffrance. On peut aussi être attaché à ce que notre équanimité ne diminue pas. Les sensations sont dites être une cause auxiliaire au développement de l'attachement. C'est parce que nous sommes dans l'ignorance et que le contact sert de facteur contribuant que cette sensation produit l'attachement. Si nous n'avions pas l'ignorance, nous pourrions encore avoir des sensations mais l'attachement ne se développerait pas.
9. La saisie
Lorsque nous désirons des objets et devenons attachés à eux, la saisie apparaît. Il y en a de quatre types. La saisie sensorielle signifie être attaché aux objets des cinq sens. La saisie des vues consiste à être attaché à n'importe laquelle des vues erronées, sauf celle voyant le soi comme étant identique aux agrégats. La saisie des comportements ou des éthiques signifie être attaché à une éthique inférieure ou à des comportements liés à des vues erronées. La saisie de la croyance qu'il y a un soi signifie que l'on associe les agrégats au soi.
10. Le devenir
Dans le passé, les actes ont implanté l'instinct d'actions karmiques dans la conscience. Le désir et la saisie activent cet instinct dont le potentiel nous projette vers une nouvelle naissance. C'est le nom qu'on donne au résultat de ces causes. Le samsara et le devenir (ou l'existence) veulent habituellement dire la même chose. On le divise en quatre parties: l'état entre deux vies (bardo), la naissance, la vie proprement dite et la mort.
11. La naissance
C'est le premier moment où la conscience arrive dans un des quatre types de naissances.
12. La vieillesse et la mort
La vieillesse est la maturation des agrégats, le changement graduel de leur condition. La mort est la destruction des agrégats.
Pour se rappeler des douze liens, on peut dire que:
L'ignorance amène à créer les karmas qui doivent s'imprimer sur un continuum produisant les agrégats et les six consciences, permettant au contact d'entraîner la sensation qui produira l'attachement puis la saisie, ce qui créera le devenir, engendrant la naissance à partir de laquelle la vieillesse et la mort seront expérimentées.
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